Line partira en voyage comme les autres !

Il y a quelques jours Ouest France titrait « Comme si on disait : toi en fauteuil, tu pars pas ! » L’histoire de Line, jeune élève de 4^ème en fauteuil roulant, scolarisée au collège Notre Dame du Bretonnais. Elle se déplace en fauteuil roulant depuis toujours en raison d’une quadriplégie causée par une naissance prématurée.
Ses parents et l’établissement souhaitaient réagir et préciser des éléments évoqués dans l’article Ouest France en date du 6 octobre. Scolarisée depuis la 6^ème dans l’établissement, les adaptations nécessaires à la scolarisation de Line se sont mises en place au fur et à mesure des années. Un voyage à l’étranger étant proposé en 4^ème en mai 2024, la famille, le SESSAD et l’établissement se sont rencontrés dès le mois de janvier 2023 pour chercher les solutions permettant à Line de profiter du même voyage que les autres. Plusieurs destinations étaient envisagées et le choix s’est porté sur l’Espagne, les conditions d’accueil, d’hébergement, de visite… semblant plus favorables. C’est donc très en amont que la préparation s’est opérée.
Une rencontre en avril, une autre en juin, d’autres encore en septembre permettent de trouver des solutions aux diverses problématiques : choisir la destination la plus appropriée, trouver les accompagnateurs de Line, envisager l’hébergement… Rapidement la question ne se pose plus : Line pourra partir ! Surprise en septembre pour l’établissement en obtenant les devis : 2 bus partent en Espagne, l’utilisation d’un bus PMR occasionne un surcoût de 3851€ par rapport au bus classique. Des échanges avec le prestataire ne permettent pas de trouver des solutions financières plus avantageuses : ce type de bus est rare !
De plus, la nécessité d’avoir deux accompagnateurs supplémentaires pour aider Line au quotidien : son AESH et une auxiliaire de vie que nous remercions d’accepter de nous accompagner bénévolement, ajoutaient déjà un surcoût de 900€.  Il n’a jamais été question de demander à la famille de prendre en charge ces surcoûts. On aurait pu les répartir sur l’ensemble des 160 familles de 4^ème, mais cela aurait fait passer le coût du voyage de 475€ à 504€ ». Difficile dans un contexte où beaucoup de familles ont déjà du mal à financer ce voyage. Sensibilisée, la famille de Line se disait prête à assumer le surcoût d’un accompagnateur mais difficile d’aller plus loin. De plus, les parents avaient déjà exploré depuis avril dernier les possibilités d’aides financières sans trop de succès.
Les professeurs et le chef d’établissement se projettent sur d’autres solutions : pourquoi ne pas envisager un trajet en avion pour Line et l’utilisation d’un taxi PMR sur place ce qui aurait permis d’utiliser deux bus classiques et d’économiser ce surcoût. Ou encore louer un véhicule PMR pour transporter Line accompagnée d’une ou deux amies et demander aux enseignants de se relayer pour conduire. Mais 15h à 20h de conduite pour aller jusqu’à Valence c’est long, surtout quand il faut ensuite s’occuper d’un groupe de jeunes, sans compter la responsabilité qui en découle !
Des contacts sont pris avec le Rectorat, le service ASH de l’Inspection Académique… difficile de trouver le bon interlocuteur. « Quand on appelle en tant que parent, on a peu de poids, les réponses sont souvent négatives ou alors on ne rentre pas dans les cases » dit la maman. Idem du côté établissement, trouver le bon interlocuteur relève de la mission impossible « On est renvoyé d’un service à l’autre, on nous donne des pistes, des contacts… mais malgré quelques heures passées au téléphone le dossier n’avance pas ».
Il est alors envisagé de mettre en place un financement participatif lancé par la famille auprès de ses proches. Le bouche à oreille fonctionne vite, les réseaux sociaux aussi et après quelques jours le message passe auprès d’autres élèves du collège, de leurs parents, des professeurs… toute la communauté se mobilise… et la cagnotte se remplit.
D’autres démarches aboutissent, l’APEL départementale (Association de Parents de l’Enseignement Libre) s’engage à apporter une aide, il est probable que la Mutuelle St Christophe fasse de même. Mme Poupet Bourdouleix, conseillère départementale en charge de l’accompagnement de l’établissement, nous informe que la MDA (Maison Départementale de l’Autonomie) dispose d’un fond de compensation qui pourra être mobilisé.
« Quand on a un enfant handicapé, de nombreuses charges et contraintes s’ajoutent au quotidien, des aides existent mais il faut vraiment se battre pour faire que son enfant puisse avoir toutes ses chances » expliquent les parents.
Même chose du côté établissement « Pour Line nous avons eu la chance d’avoir une AESH nommée dès son arrivée dans l’établissement, mais de nombreuses contraintes pèsent malgré tout ». Par exemple la location d’un guidon de transfert pour le passage aux toilettes pour un coût de 400€ à l’année est pris en charge par l’établissement et l’association de parents d’élèves depuis son arrivée dans l’établissement. Il faudrait aussi louer un lève-personne pour des séances de kiné données à Line sur le temps méridien et ceci pour un coût identique au guidon de transfert.
Chacun essaie donc de faire au mieux pour le bien-être de Line. Ses parents apprécient les efforts faits par l’établissement et tout l’engagement des professeurs pour que Line puisse partir en voyage. Line est heureuse dans son collège, entourée de ses amies et des adultes qui l’accompagnent !
Il reste juste à espérer, qu’à l’avenir, l’inclusion soit vraiment quelque chose de plus serein, de plus naturel qui ne s’apparente pas, pour les parents et les établissements, à un parcours du combattant !